La réalité est une création
L’exposition «les nouveaux réalistes» se veut une grande rétrospective sur ce mouvement artistique. Version européenne (et même plutôt française) du Pop Art américain, il représente plutôt un mouvement de pensée qu’une école esthétique. Un des moments
déterminants de ce mouvement fut la signature en 1960 du manifeste initié par
Pierre Restany qui n'était pas un artiste, mais a joué un rôle prépondérant dans le dénouement de ce style hétérogène. Dix artistes ont signé sur fond
bleu Klein les nouvelles approches perspectives du réel.
Ayant lu sans avoir vu l’exposition (malheureusement), le sujet m’a interpellé, car il fait parti d’un des mouvements artistiques de notre temps des plus connus, médiatisés et récupérés.
C’est plutôt pour le rapport à l’objet qui demeure tout à fait actuel. Que fait-on aujourd'hui, sinon récupérer des images, vouer un culte au graphisme, aux emballages, objets et pancartes qui encombrent notre quotidien. Nous ne nous limitons désormais plus qu’à des images familières, génériques récupérées dans l’art comme des icônes. «Monuments érigés à la gloire de la société de consommation, ce répertoire de quotidienneté, ces clichés de clichés gardent pourtant leur pouvoir de fascination»*.
Mais qui a-t-il au delà de ces lettres, formes et couleurs si délicieuses, sinon le simple mobile mercantile? En effet, par leur familiarité, le Pop Art et le Nouveau Réalisme sont accessibles et deviennent vite populaires. Mais, derrière cette première lecture, ces oeuvres représentent une angoisse face à l’inondation d’objets plastiques, emballés, une société limité à la surface des choses qui prend son plein essors dans les années 1960. Elles nous confrontent à la production de masse où nous nous consumons dans une culture matérialiste. Ces images, qui nous fascinent autant, sont le reflet de ce qui habite notre univers.
Arman 1982
Villégié 1956
Raysse 1961
«Les Prisunic sont les musées de l’art moderne.» Martial Raysse